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AFRIQUE

Centrafrique : Michel Djotodia, hors jeu !


Alwihda Info | Par - 15 Août 2013



Michel Djotodia. Crédits photos : Sources
Michel Djotodia. Crédits photos : Sources
La souffrance silencieuse et atroce du peuple Centrafricain, semble encore loin de s’essouffler. Le nouvel homme fort de Bangui ressemble en tout point à un homme de paille, parachuter par la France pour contrer la montée en puissance de la Chine et de l’Afrique du sud, deux membres importants de la coalition BRICS regroupant la Chine, le Brésil, l’Inde, la Russie et l’Afrique du sud. Le péché mignon de Bozizé était d’offrir son pays sur un plateau doré à la Chine, qui en échange des diamants, de l’ivoire et des concessions pétrolière avait soutenu la « réélection » de Bozizé, lui fournissait des armes pour pérenniser sa dictature et de l’argent pour faire vivre fastidieusement les clowns du parti, le Kwa Na Kwa (KNK). Kangara(Bozizé) avait oublié une chose : une marionnette, un homme de paille crée par la France ne peut prendre des initiatives personnelles sans aller faire des salamalecs à Paris.

Bozizé avait changé d’orientation en se mettant sous la coupe de ces deux pays qui sont la Chine et l’Afrique du sud. Oubliant la « magnanimité » de la France qui l’avait formé et porté au pouvoir, le dictateur centrafricain avait scié lui-même la branche sur laquelle il était assis, en offrant sur un plateau doré le pétrole de Birao au détriment de l’américaine RSM Petroleum, et en prenant des postures désinvoltes et de plus en plus déplacées vis-à-vis de la volonté de l’Élysée et de Matignon. Erreur fatale pour un homme de paille de la trempe de Bozizé, création de la puissance impérialiste.

Ne pouvant accorder l’orchestre à une symphonie qui ferait une douce musique aux intérêts de la France et de ses alliés, Bozizé a été chassé de la scène pour laisser la place à un autre chef d’orchestre en herbe, Michel Djotodia qui semble complètement dépassé par les nouvelles fonctions qui lui sont dévolues. Sans aucun charisme, ce nouveau palefrenier pourra t-il mieux saisir diriger l’écurie que son prédécesseur? La réponse est à prendre au conditionnel. L’homme fort de Bangui a hérité d’un pays exsangue, complètement à genou, sans ressources financières, sans véritable armée ou police. Un trésor public qui n’existe que de nom, sans aucune somme pouvant même faire fonctionner un seul ministère.

Michel Djotodia a les mains et les pieds liés. Il ne peut mieux faire, entouré d’une coalition hétéroclite composée de différents groupes armés aussi voraces les uns que les autres, et qui attendent sucer jusqu'à la dernière goutte le peu de sang qui reste à ce beau pays, la Centrafrique. Rien n’est moins sûr que Djotodia pourra rétablir l’harmonie et le calme au sein de la meute affamée qui ravage, pille, tue, viol et vol chaque jour à Bangui et dans les provinces laissées à elles-mêmes, loin des medias et des organisations de défense des droits de l’homme. Dans la profondeur des forêts centrafricaines, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants craignant pour leur sécurité, survivent en faisant face aux manques de nourriture, d’eau potable, de soins et d’abris contre les éléments de la nature :la pluie, les moustiques, les serpents venimeux, etc. Des déplacés en errance qui meurent à petit feu!

Djotodia pourra t-il redorer l’image de ce pays écornée par l’injustice flagrante, la corruption institutionnalisée, l’insécurité malsaine et récurrente? A-t-il les coudées franches pour remettre dans les rangs les hyènes enragées et affamées de la Seleka? Pourra t-il migrer de l’amateurisme d’un pantin au statut d’un véritable homme d’État respectueux des principes fondamentaux d’un État de droit? Pourra t-il appeler les différents chefs de guerre composants la coalition pour leur parler franchement d’homme à homme, les yeux dans les yeux? À notre avis, il a une lourde responsabilité morale de sortir la Centrafrique de la routine que l’ont plongé depuis des décennies les différents régimes aussi fantasques, disgracieux, corrompus, clownesques et incompétents les uns les autres. Il sera comme ses nombreux prédécesseurs, un porteur de fardeau, des insanités et cireur de bottes de ceux là même qui l’ont porté au pouvoir. Une nième marionnette. Une girouette à la merci de la volonté et intérêts politiques des puissances extérieures. Au lieu d’être une nouvelle vitalité injectée dans la machine « Centrafrique », Djotodia est tout simplement un élément grillé, rouillé et atypique qu’on veut insérer dans cette machine qui tarde à décoller.

Pendant que les Centrafricains meurent de faim, de violence et d’insécurité, de malnutrition, de manque de soins… Les nouveaux hommes forts de Bangui se livrent un combat pour mieux se placer et avoir leur part de gâteau, oubliant que Bozizé était appelé en « consultation » en France, et ne cachait pas son ambition de reprendre son « pouvoir » qui lui aurait été légué par Dieu. Les dirigeants Centrafrique semblent ne pas voir que la France ferme les yeux et devient amnésique sur le passé troublant de leur homme de paille, responsable de centaines d’assassinats, de disparition, de tortures, de viols organisés comme arme de guerre, de pillage systématique des ressources et deniers publics. Bozizé est en France, libre et affranchi de tous ses crimes odieux, en attendant que les impérialistes lui confient une nouvelle mission pour déstabiliser son pays et accentuer la souffrance de son peuple.
Moussa Guetane
Moussa Guetane, rédaction d'Alwihda Info. En savoir plus sur cet auteur



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